M. Emile Gueymard, Ingénieur des mines, dans son ouvrage intitulé : « Voyage géologique et Minéralogique en Corse, 1820-1821 » dit à la page 15 :

 « Ce pays, le canton d’Orezza, est l’Elysée de la géologie ; c’est ici qu’existe la roche connue sous le nom de Vert Antique (Verde di Corsica), tout aussi belle dans les cabinets d’histoire naturelle que dans l’ornement et la décoration des salons… Elle se trouve dans le lit du Fiumalto, en cailloux arrondis… Ils continuent jusqu’au bas des montagnes de Stazzona et de Piedicroce. »

 La carrière de Carcheto, village directement situé au-dessus de Piedicroce et de Stazzone, a été exploitée régulièrement depuis l'antiquité.

 On trouve des traces de son utilisation qui remontent jusqu'à la préhistoire!

 Ainsi on a décrit une hache en vert d'orezza poli datée de la préhistoire(néolithique):

 "Malgré la grande distance qui sépare Corte (le Cenestrum des anciens) de Grossa, et surtout malgré les difficultés que l'on a eu à surmonter pour franchir des cols élevés jusqu'à mille mètres, à travers des forêts plusieurs fois millénaires, les néolithiques d'Orezza, de Stazzone et des rives du Fiumalto, ont visité nos contrées [..../...]

 Or, à Grossa, au lieu-dit "le Pozzo, le Puits, ainsi que son nom l'indique et à 150 mètres du bourg, existe un lavoir au-dessus duquel se trouve la source dont le débit a diminué par suite d'éboulis d'énormes blocs de l'imposante charpente granitique de la pointe de La Grossa, ayant fait dévier ladite source equi a presque tari pour se reformer à la "Filicaja" à 300 mètres au sud-est de son premier point d'émergence.

 C'est dans les graviers de la source du "Pozzo" que Marc Marie Tomasini a trouvé une hache polie votive, en diallage ou Vert Antique.[.../...]

 cette hache polie en diallage trouvée à Grossa est un apport puisque le Verde di Corsica est particulier au sol de la Corse et ne se trouve que dans le lit du Fiumalto ou sur ses rives dans les pays d'Orezza, de Stazzona et de Piedicroce.

 Ref:Bulletins et Mémoires de la Société d'anthropologie de Paris. Note au sujet d'une hache polie votive en vert antique trouvée à Grossa (Corse) par M. Paul TOMASI. 7 mai 1903 

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On l'utilise également au IXème siècle, marié à d'autres variétés de pierres ornementales:

 Sol en mosaïque du presbytère de l'Abbaye de Farfa (Fara Sabina, Latium, Italie)

Utilisé très couramment par les artistes et les lapidaires italiens à la renaissance, on trouve de nombreuses références de l'utilisation du vert d'Orezza, souvent appelé Verde di Corsica ou Verde antico de Corsica, dans les archives de "L'Opificio delle pietre dure" à Florence.

 Le plus célèbre exemple reste cependant le mausolée commandé par le prince Giovanni de Médicis dans la chapelle San Lorenzo.

Au XVIIIème, à Naples on lie même le vert d'Orezza dans des biscuits de porcelaine entrant dans la décoration d'horlogerie (Real fabricca della porcellana di Napoli (1771-1806)

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De nos jours, des artistes italiens comme Paolo Frigerio à Rome, intègrent toujours le vert d'Orezza dans leurs oeuvres:Roma 2

 On ne peut qu'être subjugué par la fascination qu'exerce cette pierre quand on sait la difficulté que représente son extraction en milieu naturel, puis son transport jusqu'à la mer et son exportation vers l'Italie, principal lieu de transformation.

Fin de l'exploitation contemporaine de la carrière: 1985

 Les artistes et les artisans Corses continuent de travailler le Vert d'Orezza en Bijouterie et sculpture mais en petite production.